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Trucs et astuces

Publié le  Lecture 12 mins

Les ruptures coronaires en cardiologie interventionnelle - La boîte à outils indispensable

Jean-Yves PAGNY, Hôpital Saint-Joseph ; Hôpital Européen Georges Pompidou, Paris

Le matériel de cardiologie interventionnelle progresse d’année en année autorisant des gestes de dilatation et recanalisation coronaire de plus en plus difficiles techniquement ce qui expose à une majoration des complications potentielles. Elles sont rares mais il est nécessaire de maîtriser quelques principes de réparation ainsi que le matériel adapté à chaque situation. Chaque matériel est adapté à une situation donnée et la connaissance de ces produits permet de s’adapter devant une situation inhabituelle.

Nous décrirons surtout les procédures à mettre en place en urgence devant une rupture coronaire puis par extension les procédures utilisées dans le traitement de fistules, faux anévrismes siégeant sur les coronaires. Les ruptures coronaires Il faut les distinguer selon leur siège. Ruptures coronaires proximales Elles sont liées en général à des inflations de ballon à pression élevée ou non sur de possibles « épines » calcaires. Elles peuvent concerner également une inflation à haute pression sur un stent déjà en place mais insuffisamment déployé. Enfin, n’importe quel ballon peut se rompre accidentellement suite à une pression élevée ou trop haute aidée ou non d’un relief intracoronaire anormal (figure 1). La rupture artérielle est dans ce cas consécutive à une lésion de jet. Toutes ces lésions surviennent sur une zone accessible à l’implantation d’un stent. Figure 1. Angioplastie de l’IVA ; rupture du ballon et de l’IVA ; réparation avec un stent couvert BeGraft. (pontage mammaire – IVA non fonctionnelle). Dès la fuite constatée, il faut regonfler immédiatement un ballon au niveau de celle-ci en contrôlant par une injection dans la sonde porteuse que la fuite est bien stoppée ballon gonflé. Ceci permet : • D’analyser le type de fuite. L’image d’extravasation de contraste peut correspondre à une simple myographie localisée (figure 2), le contraste reste proche de la rupture et se lave lentement ou au contraire fuite dans le péricarde avec une trainée de contraste (figure 3) qui se lave rapidement, manifestement en dehors de la paroi. Figure 2. Suffusion intramyocardique postinflation à 25 bars. Péricarde sec ; traitement par stent actif standard. Figure 3. Patient de 90 ans, rupture massive postinflation du ballon ; drainage péricardique et stent couvert. • De préparer le matériel de « réparation ». • De rechercher un hémopéricarde à l’échographie et mettre en route les mesures de réanimation éventuelle nécessaire. Le traitement de choix est de colmater la brèche avec un stent couvert. La difficulté éventuelle de cette procédure est d’arriver à amener le stent couvert jusqu’au site de la fuite car le profil des stents couverts est nettement moins avantageux que celui des stents classiques (tableau). Une extension de cathéter est parfois nécessaire. Le diamètre du stent est choisi pour qu’il soit parfaitement apposé à la paroi concernée et il doit recouvrir nettement (idéalement 10 mm) en amont et en aval de la fuite. En cas de doute sur le positionnement – il n’est pas toujours facile de voir le site exact de la rupture –, mieux vaut le décentrer vers la distalité pour se donner la possibilité de remettre un autre stent couvert en amont. Une fois le stent posé si la fuite persiste, il est possible de regonfler le ballon du stent couvert jusqu’à sa pression maximale de rupture (en général 14- 15 atm). Si cela ne suffit pas il faudra rajouter un 2 e stent couvert, en général immédiatement en amont du premier. • Cas particulier : Si la rupture s’effectue sur un stent non couvert préalable, il est nécessaire de recouvrir une longueur plus longue que celle du stent car un stent couvert ne peut pas être parfaitement étanche sur la paroi coronaire du fait des struts du premier stent qui le « décollent » un peu de la paroi, lui faisant perdre en étanchéité. Idéalement pendant toute cette procédure de traitement de la brèche, il faut éviter d’antagoniser l’héparine qui risquerait d’occlure le stent couvert une fois implanté. Ruptures coronaires distales Elles sont liées à des lésions des petites branches causées par un guide « traumatique » et surviennent plus volontiers au cours de procédures qui nécessitent en simultané plusieurs guides. Ces ruptures ont le plus souvent la particularité de ne pas être reconnues immédiatement mais seulement plus tard dans la procédure car la fuite est moins importante et ses conséquences mettent plus de temps à apparaître. Ici encore il faut analyser le type de fuite, myographie (figure 4) ou fuite dans le péricarde (figure 5) et dans tous les cas faire une échographie en urgence à la recherche d’un épanchement péricardique. Figure 4. Effraction dans une microbranche d’une marginale par le guide du Rotablator ® ; échec d’inflation prolongée devant la fuite ; mise en place d’un microcathéter et de 2 coils. Figure 5. En fin de procédure d’angioplastie de bifurcation IVA-diagonale : fuite en distalité d’une diagonale (A) ; mise en place d’un microcathéter avec vérification de la localisation (B) ; insertion de coils avec occlusion complète distale de la diagonale (C). La tentation est forte de gonfler un petit ballon en amont de la fuite pour diminuer le flux mais ceci ne sera que palliatif et n’empêche pas une circulation collatérale de s’établir en aval et réalimenter la fuite à contrecourant. L’embolisation de la branche au contact de la fuite reste la méthode de choix. • L’embolisation – Un microcathéter effilé sur 0,014 ou 0,018’’ (2,4 ou 2,7 F). Le diamètre intérieur est important à connaître pour le choix de l’embole à insérer qui bien-sûr ne doit pas être d’un diamètre supérieur. Le microcathéter doit être amené au contact de la fuite sur un guide 0,014’’ non traumatique. – Un embole à insérer dans le microcathéter : le but est de faire une oblitération complète du flux à partir du niveau de la fuite en ne lésant qu’une quantité la plus minime possible de myocarde. Deux types d’emboles sont à privilégier. – Les coils à détachement contrôlé (figure 6) : ce sont de petits fils en acier/platine qui lorsqu’ils sont non contraints s’enroulent spontanément ; leur matériau – avec en plus pour certains des petites fibres à leur surface – sont très thrombogènes. Le coil est solidaire d’un filament métallique qui a un rôle de « pousseur ». L’ensemble est présenté dans un « microtube » plastique dans lequel le coil est contraint et donc allongé, toujours solidaire de son pousseur (figure 6A). La procédure de mise en place est d’amener au contact du microcathéter (déjà en place dans la coronaire rompue), le microtube puis de pousser l’ensemble pousseur-coil solidaires. Ceci fait donc entrer le coil dans le microcathéter où il est contraint par le diamètre du microcathéter et donc étiré. Quand on ne peut plus pousser cet ensemble pousseur-coil à l’intérieur de son microtube, on retire ce dernier et on continue de pousser l’ensemble jusqu’à ce que le coil sorte de l’extrémité distale du microcathéter. Là il s’enroule. Il est possible de le mobiliser pour mieux l’enrouler ou même le retirer en cas d’erreur de taille jusqu’à la manœuvre de largage. La partie coil est très radio-opaque alors que le pousseur qui lui est solidaire est très peu visible. Plusieurs systèmes de largage sont possibles une fois le coil enroulé dans la branche coronaire : soit le coil se détache dès qu’il est sorti complètement du microcathéter (figure 6C), soit il existe une « poignée-pince » qui se met en place à l’extérieur au bout du pousseur et qui actionne le largage par une simple mobilisation d’un bouton (figure 6B). L’occlusion n’est pas toujours immédiate au largage du 1 er coil d’autant que le patient est sous antiagrégant et héparine. Un deuxième coil peut être nécessaire. Figure 6. Présentation de 2 types de coils à détachement contrôlé. A : présentation en sortie d’emballage du coil à détachement contrôlé et de la poignée de largage ; coil à la sortie du cathéter ; coil en gros plan. B : un système de largage avec poignée une fois le coil positionné en bonne place et son mécanisme. C : autre système de largage par détachement spontané lorsque le coil est complètement libéré du microcathéter. – Le choix des dimensions des coils est important Ils sont répertoriés par le diamètre du microcathéter nécessaire, leur longueur une fois étirés, leur diamètre une fois non contraints et leur forme. Le diamètre doit être celui de l’artère à son site de largage (1 ou 2 mm) et la longueur « étiré » suffisamment courte pour ne pas trop remonter dans l’artère si le coil ne s’enroule pas bien (en général 20 mm maximum). – Emboles d’éponges hémostatiques insolubles résorbables (CuraSpon ®, CuraMedical ou GELITA-SPON, Novimed ; figure 7). Ce sont des éponges hémostatiques présentées en petits cubes ou en plaques fines découpables facilement avec un bistouri ou de petits ciseaux. Ces éponges vont oblitérer le flux coronaire une fois amenées à l’extrémité distale du microcathéter. Le matériau est résorbable en quelques jours à 3 semaines mais l’effraction sera traitée. Dans une seringue Luer Lock de 1 cc seulement un petit cube de GELITA-SPON de 2 à 4 mm est introduit une fois le piston retiré. La seringue est remplie de contraste, purgée de l’air et comme le GELITA-SPON flotte, il se positionne près de l’embout Luer Lock. Il faut être prudent pour le pousser dans le microcathéter avec des impulsions sèches successives sur le piston mais de seulement 0,05 cc. Le GELITA-SPON est responsable d’une résistance dans le microcathéter, mais au moment où il va être libéré du microcathéter dans la coronaire, il n’y aura plus de résistance. Le risque est de le pousser avec trop de contraste ce qui va le faire refluer en amont. L’occlusion est immédiate et si elle ne l’est pas, il faut remettre un autre morceau un peu plus gros. Figure 7. GELITA-SPON : éponge hémostatique insoluble, résorbable et sa préparation. – coils ou GELITA-SPON ? Les deux techniques sont efficaces. Le coil à détachement contrôlé est plus facile à mettre en place, le risque avec le GELITA-SPONest de faire refluer en amont l’embole de gélatine. Cependant, les coils sont plus chers et dans tous les cas il faut avoir dans son laboratoire du GELITA-SPON qui pourra servir en l’absence de

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