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Vasculaire

Publié le  Lecture 15 mins

Retour sur les dernières actualités vasculaires

Jimmy DAVAINE, CHU Pitié-Salpêtrière, Paris

Un dossier réalisé avec la collaboration de Jimmy DAVAINE, CHU Pitié-Salpêtrière, Paris.

Service rendu ? Les AVC sont associés à la survenue de démence et de déclin cognitif. Il est établi aussi que la maladie athéromateuse des vaisseaux carotidiens dans leur portion extracrânienne est liée à un dysfonctionnement cognitif comme suggéré par les données récentes de Crest 2. Le corollaire est que la chirurgie carotidienne induit des modifications des fonctions cognitives. Néanmoins il existe beaucoup d’hétérogénéité entre les études. Cette revue essaie de faire le point. Évolution de l’évaluation cognitive au cours du temps Une étude de 2006 a porté sur 33 patients opérés d’une sténose serrée asymptomatique et comparés à des contrôles (patients opérés pour AOMI). Les résultats des tests cognitifs concluent à l’absence de différence entre les deux groupes. À l’inverse, une autre étude a suggéré une détérioration dans la mémoire épisodique après chirurgie carotidienne. Une autre étude encore a retrouvé une amélioration significative de la mémoire verbale et de l’attention 3 mois après chirurgie carotidienne. Une métaanalyse de 2006 a retrouvé autant d’études suggérant une amélioration qu’une absence de changement ou qu’une dégradation des fonctions cognitives après chirurgie carotidienne. Plus récemment, certains travaux ont mis en avant une amélioration cognitive sur le long terme après chirurgie carotidienne (notamment une étude de plus de 500 participants). Les auteurs du présent article ont constaté, sur la base de 170 patients, une amélioration du score RAVLT à 6 mois. Une revue de 2021 enfin a noté une fréquente amélioration neurocognitive après revascularisation carotidienne. Statut symptomatique préopératoire et changement cognitif postopératoire La littérature est à peu près uniforme sur l’amélioration des fonctions neurocognitives postopératoires chez les patients symptomatiques. Il a été relevé une amélioration du MMS jusqu’à 3 ans après stenting carotidien sur une cohorte de 579 patients. La tendance a été similaire après traitement par chirurgie ouverte. Les résultats se sont révélés plus controversés chez les patients asymptomatiques. Certains travaux ont rapporté un déclin, d’autres une amélioration avec des variations importantes selon les types de tests et les fonctions évaluées. Influence du type de procédure Les résultats sont contradictoires. On a retrouvé la notion d’amélioration cognitive à 6 mois après stenting carotidien, avec progrès en termes de mémoire et de fonctions exécutives versus traitement médical. Certains papiers ont rapporté une amélioration de la vitesse psychomotrice après chirurgie et une dégradation après stenting. On a pu lire aussi une amélioration des fonctions visio-spatiales et exécutives après stenting, alors que la chirurgie était bénéfique sur le langage, l’attention et la mémoire à long terme. Importance des microemboles lors de la procédure Le message est là assez consensuel. Le stenting est associé à un taux plus élevé de microemboles que la chirurgie ouverte. Ceux-ci sont associés au déclin cognitif. L’atteinte de la mémoire à court terme semble récupérer après 6 mois, ce qui n’est pas le cas de certaines fonctions exécutives. Conclusion Cet aspect n’est pas souvent (jamais ?) mis en avant dans les études chirurgicales. Globalement, la revascularisation semble avoir un effet bénéfique. Ce travail est une tribune d’experts plus qu’une métaanalyse précise mais il a l’intérêt de poser le problème et permet de réaliser que l’évaluation est complexe et que de nombreuses études restent à faire. Succar B, Zhou W. Does carotid intervention improve cognitive function? Advances in Surgery 2023 ; 57 : 267-77. Toute ressemblance... Les récents scandales de harcèlements moral ou sexuel dans le milieu académique ont fréquemment impliqué des hauts responsables institutionnels dont le comportement était connu depuis des années. Beaucoup attribuent ce type de comportement à une dissociation entre qualités scientifiques et comportement personnel. Autrement dit, il est impossible mais c’est un grand scientifique. En réalité, les experts de la question avancent une explication différente. Le comportement agressif et de harcèlement est un moyen pour des scientifiques médiocres de se hisser toujours plus haut. L’abus de pouvoir, la persécution et la dévaluation du mérite des autres est un moyen de saboter la carrière des personnes qui sont des cibles pour les harceleurs, car identifiées comme menaçantes. De nombreux travaux expérimentaux récents suggèrent que harceler permet de déplacer la compétition d’un terrain scientifique ou professionnel vers un terrain comportemental où le harceleur se sent tout autorisé. Ainsi, l'exemple de cette chercheuse hollandaise qui était relativement bien traitée jusqu’à ce qu’elle obtienne un financement de plusieurs millions. Elle est alors devenue l’objet d’un harcèlement en règle allant jusqu’à l’agression physique. Le harcèlement permet à ceux qui en usent d’obtenir leur poste. La question est quelles sont les structures qui encouragent ces comportements ? Bien que les processus de sélection soient nombreux et rigoureux dans l’environnement académique, les critères d’évaluation sont souvent obscures. Les personnes prédatrices sont, d’après les travaux disponibles dans le domaine, le plus souvent des hommes qui occupent une position élevée dans la hiérarchie. Ils ont la latitude d’utiliser et de faire varier les critères de sélection afin de justifier le dénigrement de leur(s) cible(s) et de les priver de promotion ou de nomination. Par ailleurs, ils vont s’entourer d’alliés et constituer un réseau et promouvoir un élève choisi en dépit de compétences exceptionnelles. Certaines études rapportent que l’ambiance hypercompétitive de l’environnement académique offre un bénéfice de survie aux individus dont les traits de personnalité comportent audace, domination, désinhibition et méchanceté. Le corollaire est la mise en avant de ses propres succès et le dénigrement, voire la diffamation des performances de ses collègues. Si on admet les conclusions de ces études, il est important de procéder à un changement de paradigme au sein de l’environnement académique et de favoriser l’émergence de leaders académiques qui soient des gens sensibles, ayant le sens du collectif et favorisant l’esprit de communauté. Täuber S, Mahmoudi M. How bullying becomes a career tool. Nat Hum Behav 2022 ; 6(4) : 475. Machine learning Les modèles guidant nos décisions thérapeutiques sont actuellement largement basés sur des études de prévention secondaire. Développer des outils diagnostiques d’amont afin de mieux sélectionner les patients et d’adapter la prise en charge constitue un enjeu majeur de la recherche. Au niveau carotidien, l’indication est basée essentiellement sur le degré de sténose, ce qui constitue une analyse incomplète. Le scanner, examen de routine préopératoire, devrait permettre une analyse plus fine des plaques en dehors du seul degré de sténose. La référence pour identifier des plaques à risque est l’histologie. Mettre au point une correspondance entre scanner préopératoire et caractéristiques histologiques paraît très intéressant de ce point de vue et les outils de machine learning semblent être à même de réaliser cette mise en relation. Dans ce travail, une cohorte de développement était analysée et une cohorte de validation permettait de renforcer la validité des résultats. • Méthodes : étude prospective bicentrique. Les plaques étaient toutes analysées en histologie et classées en atteintes athéromateuses minimes, plaques stables et plaques instables. La correspondance avec le scanner préopératoire était établie grâce à un logiciel dédié de machine learning. • Résultats : l’étude a inclu 53 patients, d’âge moyen 60 ans, dont 57 % d’hommes. Dix-huit patients étaient issus de zones urbaines et 35 de zones suburbaines (moins de patients blancs et moins d’hypercholestérolémie retrouvés dans le premier groupe). L’agrément était considéré comme très bon entre les trois anatomopathologistes qui caractérisaient les plaques. Au total, 496 coupes de vaisseaux étaient analysées dans la cohorte de développement et 408 dans la cohorte de validation. Dans la première cohorte, l’histologie retrouvait 168/160/168 atteintes minimes/plaques stables/instables, respectivement. Dans la deuxième cohorte, on notait 194/94/55 lésions minimes/stables/instables. L’identification en scanner des plaques à haut risque (selon l’histologie) a fonctionné avec un haut niveau de performance sur les deux cohortes. En particulier, il n’y avait pas de cas où le logiciel identifiait une plaque instable alors que l’histologie la considérait comme un athérome minime. On a noté 13 cas où le logiciel identifiait la plaque comme instable alors que l’histologie la considérait comme stable (AUC : 0,97 ; 0,95 ; 0,99 pour les groupes plaques instables, stables et athérome minime). À noter que l’agrément était très modeste entre le degré de sténose au scanner et le risque en histologie. En particulier, le degré de sténose concordait avec le risque histologique dans seulement 49 % des coupes. • Discussion : une analyse qualitative des lésions apparaît indispensable pour améliorer nos indications. Ce travail a le grand intérêt d’initier une correspondance entre histologie (très informative mais postopératoire) et le scanner. Le logiciel de machine learning atteint des résultats très prometteurs pour l’avenir malgré le faible nombre de patients dans cette étude dont une des limites est l’absence totale de renseignements cliniques sur les patients. Täuber S, Mahmoudi M. Atherosclerosis risk classification with computed tomography angiography: A radiologic-pathologic validation study. Atherosclerosis 2023 ; 366 : 42-8. Intelligence artificielle Éditorial du papier suivant qui le place dans son contexte. L’événement clinique tel l’AVC ou l’infarctus du myocarde provient fréquemment d’une rupture de plaques dont les caractéristiques sont un cœur lipidique riche, une chape fibreuse fine et un

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