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Échocardiographie

Publié le  Lecture 13 mins

L'échocardiographie reprend son souffle !

S. LAFITTE et R. ROUDAUT, Pessac


AHA
Après une vague d’enthousiasme autour des nouvelles techniques les années précédentes, l’échocardiographie a accusé un net fléchissement sur cette cuvée 2006, notamment en termes de nombre de résumés (abstracts) présentés. En effet, sur les trois jours et demi de congrès, seules 7 sessions de communications orales ont été dédiées à l’imagerie échocardiographique, se répartissant les thèmes classiques de l’exploration des valvulopathies mitrale et aortique, de la resynchronisation biventriculaire, de la fonction diastolique, de l’ischémie myocardique mais également des thèmes moins habituels telle l’exploration du ventricule droit ou le cas des sportifs de haut niveau.

Resynchronisation biventriculaire Dans le domaine de la stimulation multisite, la recherche du meilleur critère de réponse à la thérapie s’apparente à la quête du Graal. • Au-delà des critères mécaniques d’asynchronisme, l’équipe de l’université de Columbia (abstract 2018) démontre, sur 28 patients, le caractère prédictif de l’étude de la réserve contractile par échographie dobutamine. Les patients présentant une réserve contractile voient une amélioration de leur fraction d’éjection (> 5 %) et de leur asynchronisme dans 88 % des cas. À l’opposé, seuls 29 % des patients sans réserve contractile seront répondeurs à 6 mois. Il faut noter le caractère additionnel des informations sur l’asynchronisme et la réserve contractile dans la prédiction de la réponse positive à la resynchronisation. • Une représentation originale de l’asynchronisme intraventriculaire a été proposée par l’équipe de l’université Enroy (Atlanta) (abstract 2020) sous forme vectorielle basée sur la déviation standard des mesures des 6 parois basales. Appliquée à une population de myocardiopathies hypokinétiques (n = 76), cette représentation permet de caractériser l’asynchronisme spatial en distinguant un groupe à QRS fin d’un groupe à QRS large (BBG). Les vecteurs dans le groupe QRS fin sont répartis de façon homogène dans toutes les zones ventriculaires alors que les patients avec BBG présentent une orientation de leur vecteur vers les zones inféro-latérales préférentiellement. • Les investigations autour de l’application du 2D strain « speckled tracking » dans sa dimension radiale se poursuivent avec deux travaux sur le sujet : - un premier de l’équipe de J. Bax (abstract 2137) révèle l’apparition d’un asynchronisme radial significatif chez des patients stimulés sur le ventricule droit. Au total, 52 patients porteurs d’une FA chronique étaient investigués avant et après ablation du nœud auriculo-ventriculaire et implantation d’un stimulateur VVI (durée de suivi 12 mois). Au terme du suivi, 48 % des patients présentaient une dégradation de leur fonction VG (FE 42 vs 50 %) accompagnée de l’apparition d’un asynchronisme significatif non présent avant implantation ; - la deuxième étude provient de l’équipe de Pittsburgh (abstract 2138) et met en évidence un asynchronisme significatif de plus de 200 ms sur le paramètre de délai au pic télésystolique chez les patients porteurs d’un bloc de branche gauche qui se corrige après resynchronisation biventriculaire. • Enfin, on retiendra le travail prospectif de l’équipe de T. Marwick (abstract 2143) mené chez 72 patients suivis sur une période de 15 mois sur le paramètre de remodelage ventriculaire gauche (volume télésystolique indexé). L’asynchronisme ventriculaire de ces patients était obtenu par la mesure du délai au pic de vélocité systolique sur 6 segments puis exprimé sous la forme de déviation standard des mesures. Au terme du suivi, 35 % des patients ont présenté une progression de leur remodelage VG. En analyse univariée, les paramètres prédictifs de cette dégradation morphologique étaient la classe NYHA, le score de contraction pariétal sous dobutamine, la variation de l’asynchronisme au cours du temps. Ce dernier critère était le seul paramètre indépendant de prédiction du remodelage inverse en analyse multivariée. Les auteurs s’interrogent ainsi sur le rôle potentiel de cet asynchronisme intraventriculaire gauche sur l’évolution des composantes morphologiques du VG. Sportif et cardiomyopathie hypertrophique • Une session complète a été dédiée au difficile problème du diagnostic différentiel par échocardiographie. L’équipe bordelaise (abstract 2154) a tout d’abord rapporté la première description des profils de déformations dans une série de 29 sportifs de haut niveau (footballers du PSG) comparativement à un groupe témoin et à un groupe de 26 patients atteints de cardiomyopathie hypertrophique familiale (CMH) authentifiée. Chez ces sportifs, il est clairement identifié un profil de déformation différent comparativement aux sujets témoins, avec une diminution de la composante longitudinale compensée par une augmentation du strain radial (figure 1). Cette modification de contractilité est probablement le fait de l’adaptation morphologique du ventricule gauche au surentraînement physique qui s’acccompagne d’une augmentation modérée des volumes cardiaques et d’une baisse de la fraction d’éjection. Les sujets porteurs de CMH présentent une diminution de toutes les composantes comparativement aux sujets témoins. La différence dans cette composante longitudinale entre les patients avec CMH et les patients sportifs est moins marquée ; elle est exclusivement significative sur les segments septal et antérieur. Une valeur au-dessus de -11 % sur le septum basal permettrait le diagnostic de CMH avec une spécificité de 96 %. Concernant les composantes circonférentielles et radiales, les différences entre ces deux groupes sont plus marquées mais avec une dispersion importante autour des moyennes et une variabilité des mesures plus importante. Figure 1. Étude des déformations chez le sportif de haut niveau avec identification d’un profil spécifique différent du sujet normal et des patients porteurs de myocardiopathie hypertrophique (HCM). De façon similaire, une équipe allemande (abstract 2155) s’est intéressée aux joueurs de handball professionnels. Ici encore, l’étude des déformations longitudinales permet la différenciation entre le groupe sportif (n = 16) et les patients avec CMH (n = 15) aussi bien sur le paramètre de strain global (-8,1 vs -13,6 %, p 0,01) que celui du pic de contraction postsystolique. • Toujours dans le cadre d’une meilleure détection de la CMH chez les sujets sportifs avec hypertrophie limite, l’équipe de l’université de Berne (Suisse) (abstract 2157) propose l’utilisation de l’échographie de contraste perfusion pour identifier les sujets pathologiques. Pour cela, une infusion d’Optison était associée à un bolus d’adénosine afin d’étudier les paramètres de perfusion au repos et en état d’hyperhémie pour calculer la réserve de perfusion dans la zone septale. Dès l’étape de repos, les patients porteurs d’une CMH présentent un niveau de perfusion significativement plus bas que les sportifs, permettant leur diagnostic avec un niveau de sensibilité et de spécificité de 100 %. Ainsi, a priori, l’échographie de contraste se présente comme une technique efficace dans cette indication mais nécessite la mise en place d’une voie veineuse pour l’injection de l’agent de contraste… • Enfin, l’équipe de Boston confirme la notion d’altération aiguë et transitoire de la fonction ventriculaire chez les coureurs marathoniens. Dans cette étude (abstract 2158), l’analyse a concerné 60 coureurs amateurs en fonction de leur degré de préparation à l’événement. Les informations recueillies associaient les paramètres échocardiographiques de fonction systolique et diastolique du VG ainsi que celle du ventricule droit mais également les marqueurs biologiques de lésions myocytaires comme la troponine T et le NT-proBNP. Comparativement à l’état de base, 60 % des coureurs présentaient un niveau de troponine > 0,01 ng/ ml et 40 % un taux de BNP > 0,03 pg/ml. Les marqueurs biologiques étaient bien corrélés à la dysfonction diastolique, l’augmentation des pressions pulmonaires et la dégradation de la fonction VD analysée en strain. À noter que les sportifs les moins entraînés ( 35 miles/sem) présentaient plus d’anomalies fonctionnelles et biologiques que les plus entraînés. Fonction systolique VG Mieux corrélées à l’IRM (méthode de référence actuelle) pour l’analyse des volumes (télédiastolique et télésystolique) et de la fraction d’éjection ventriculaire gauche (VG) que l’analyse 2D en Simpson biplan, les techniques échocardiographiques 3D s’immiscent à présent dans notre pratique quotidienne. L’équipe de T. Marwick a comparé dans une population de 101 patients avec des antécédents d’infarctus du myocarde, l’utilisation du Simpson biplan guidé par le 3D aux mesures en volume total 3D (full volume). Le Simpson biplan effectué sur une acquisition 3D aurait un niveau de bénéfice similaire aux résultats obtenus en volume total 3D avec un niveau d’erreur moindre comparativement à l’IRM. Si les techniques échocardiographiques 3D ont sous-estimé l’importance des volumes par rapport à l’IRM, la fraction d’éjection était similaire avec les deux techniques (abstract 1841). Dans le domaine des nouveaux outils de quantification de la fonction VG, S. Brette (Bordeaux) s’est penchée sur l’intérêt de la technique Automated Function Imaging (AFI) (Vivid 7, General Electric) évaluant de façon automatique la déformation globale. La faisabilité et la reproductibilité ont été évaluées chez 56 patients consécutifs comparativement au Simpson biplan et à la ventriculographie angiographique (figure 2). Le positionnement de 3 points repères à la limite de l’endocarde (2 basaux et 1 apical) en télésystole sur chacune des incidences apicales a permis d’obtenir, en moins d’une minute, une valeur de déformation ou « strain » (longitudinal) global (normale : entre -20 et -25 %). La reproductibilité intra- et interobservateur (avec un utilisateur expérimenté ou avec un novice) est excellente (3,1 %, 7,1 % et 8,7 %). L’outil est d’ores et déjà embarqué sur les échographes et l’analyse peut être effectuée en cours d’examen afin de détecter des anomalies de la déformation longitudinale alors même que la composante radiale (l’épaississement myocardique) est normale (abstract 1843). Figure 2. Suspicion de CMH à prédominance apicale et latérale chez une patiente âgée de 40 ans après mort subite récupérée. La FEVG en Simpson biplan est quantifiée à 60 %. L’analyse de la déformation longitudinale en mode AFI identifie une diminution de la composante globale à -14,5 % par rapport à la normale entre -20 et -25 %. Fonction diastolique • La fonction diastolique sous l’angle de l’échocardiographie a bénéficié de quelques présentations au cours de l’AHA

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