M. AZIZI, Hôpital européen Georges Pompidou, Paris
La participation française au congrès de l’ESH a été très honorable cette année avec 33 communications orales acceptées sur 70 résumés envoyés. Les orateurs français sont toujours autant sollicités pour des mises au point et des conférences plénières. Ainsi 3 orateurs français ont été retenus sur les 13 places possibles lors des sessions orales. Deux médecins français ont été mis à l’honneur lors de ces journées, Pierre-François Plouin (HEGP, Paris) qui a reçu le prix Paul Milliez pour l’ensemble de sa carrière et Michel Azizi (HEGP, Paris) qui a reçu le prix Peter A van Zwieten pour sa contribution à la pharmacologie du système rénine angiotensine aldostérone.
Pression artérielle Valeur prédictive de la mesure ambulatoire de PA De La Sierra (Espagne) a étudié l’incidence des événements cardiovasculaires dans le registre espagnol de pression artérielle (PA) ambulatoire. La mesure ambulatoire de PA permet de mieux prédire la survenue des événements cardiovasculaires que la PA clinique mais sa valeur prédictive chez les hypertendus traités dans les conditions de vie réelle est moins connue. L’objectif de cette étude était d’évaluer l’association entre le niveau de PA ambulatoire et le développement ultérieur d’événements cardiovasculaires chez des patients à haut risque. Entre 2005 et 2006, cette étude a inclus 2 115 hypertendus traités ayant au moins 2 facteurs de risque associés ou une atteinte des organes cibles, un événement cardiovasculaire ou rénal. L’incidence de nouveaux événements a été évaluée en 2009. Le critère principal d’évaluation est un critère combiné associant décès d’origine cardiovasculaire, infarctus du myocarde (IDM) non mortel, AVC non mortel et procédure de revascularisation. Le critère primaire est survenu chez 268 patients. Comme attendu, la PA systolique, diastolique et pulsée était plus élevée en mesure ambulatoire chez les patients ayant eu un événement que chez ceux qui n’en avaient pas eu. Après ajustement sur la PA clinique et les facteurs de risque cardiovasculaire, la PA ambulatoire en particulier systolique est associée au développement d’événements cardiovasculaires chez ces patients à haut risque. Détection de la FA par automesure tensionnelle oscillométrique Stergiou (Grèce) a évalué un nouvel appareil d’automesure tensionnelle oscillométrique comprenant un algorithme spécifique pour la détection d’une fibrillation atriale (FA) (Watch BPA100 Plus). En effet, la plupart des appareils de mesure oscillométrique sont considérés comme inappropriés chez les patients ayant une FA. Vingt-neuf patients ayant une FA permanente, âgés de 73,8 ans (14 hommes), ont réalisé 174 mesures de PA par deux méthodes différentes. L’appareil a détecté avec succès la FA dans 90,2 % des mesures de PA. Le taux d’échec de détection était de 7,1 %. La différence moyenne de mesure entre le sphygmomanomètre à mercure et l’appareil utilisé était de 3,1 ± 6,9/7 ± 6,5 mmHg ; 69 % des différences de PA entre les 2 mesures étaient 5 mmHg, 85 % inférieurs à 10 mmHg et 93 % 15 mmHg pour la PAS. Les résultats sont moins favorables pour la PAD. Cet appareil oscillométrique a une précision suffisante pour mesurer la PAS mais pas la PAD chez les patients ayant une FA. Comme la FA affecte surtout une population d’hypertendus âgés chez qui la PAS est importante à contrôler et confère le plus haut risque cardiovasculaire, cet appareil pourrait être une alternative acceptable pour l’automesure tensionnelle chez ce type de patients. Mesure de l’IPS par oscillométrie Verdek (Taipeh) a évalué l’utilité des mesures oscillométriques automatiques de PA pour la mesure de l’indice de pression systolique (IPS) pour la détection d’artériopathies des membres inférieurs (AOMI). Les auteurs ont réalisé une revue systématique et une métaanalyse d’études comparant les méthodes oscillométriques automatiques aux méthodes conventionnelles par Doppler pour l’estimation de l’IPS. Les résultats montrent que l’IPS oscillométrique est un peu plus élevé que celui obtenu par Doppler (différence moyenne 0,028 ; IC 95 % : 0,009-0,047). La corrélation globale entre les deux techniques est de 0,76. Les appareils oscillométriques spécialement développés pour la mesure de l’IPS donnent des différences plus faibles par rapport au Doppler (0,012 contre 0,049) et une meilleure corrélation avec les données d’IPS au Doppler (r = 0,86 vs 0,72). Les IPS obtenus par mesure oscillométrique simultanée des pressions aux membres supérieurs et inférieurs comparées aux mesures séquentielles, sont mieux corrélés aux IPS mesurés par Doppler (0,85 vs 0,72). La sensibilité et la spécificité moyennes des méthodes oscillométriques pour le diagnostic d’AOMI étaient de 68 % (IC : 53-83 %) et 94 % (IC : 93-96 %), respectivement. La méthode de mesure de l’IPS par technique oscillométrique est une alternative pratique par rapport à la technique conventionnelle par Doppler pour la détection de l’AOMI. Les appareils oscillométriques spécifiquement développés pour la mesure des IPS ainsi que la mesure simultanée aux membres supérieurs et inférieurs ont le meilleur agrément par rapport à la technique de référence par méthode Doppler. Respect du repos avant l’automesure tensionnelle Boivin (France) a évalué l’influence du repos avant une automesure tensionnelle. En effet, les deux recommandations de la Société européenne et de la HAS, bien qu’un peu différentes concernant les protocoles de mesures, conseillent un repos de quelques minutes avant de réaliser une automesure tensionnelle. L’objectif de cette étude était de déterminer l’influence du repos sur la justesse de l’automesure tensionnelle évaluée par sa corrélation avec la mesure ambulatoire de PA pris comme mesure étalon. L’objectif secondaire était d’évaluer l’observance des patients au repos avant une automesure tensionnelle. Cinquante-deux patients traités et contrôlés, dont 38 utilisateurs réguliers d’appareils d’automesure, ont été inclus dans l’étude. Les patients devaient réaliser 3 jours d’affilée une série de 3 mesures matin et soir, chacune séparée d’un intervalle d’1 minute, immédiatement après avoir mis en place le brassard, puis 5 min après le positionnement du brassard. La PA ambulatoire était réalisée dans les trois jours précédant l’automesure tensionnelle. Il existait une forte corrélation, comme attendu, entre les mesures réalisées immédiatement après la pose du brassard et après 5 min de repos. La moyenne des 18 mesures de PAS sans repos préalable était plus proche de la moyenne diurne de PA en mesure ambulatoire que celle calculée par les mesures réalisées après 5 min de repos. Il y avait une bonne corrélation entre les automesures sans repos préalable, après 5 min de repos et la PA ambulatoire (r = 0,71). Aucun des 38 patients interviewés ne respectaient les quelques minutes de repos recommandées avant de démarrer leur automesure dans leur pratique usuelle. Seuls 4 patients respectaient un repos d’1 min avant de déclencher les mesures. Le résultat de cette étude montre que l’automesure tensionnelle réalisée sans repos préalable est plus proche et mieux corrélée à la mesure ambulatoire de PA. Quant à la période de repos, elle est rarement respectée par les utilisateurs fréquents des appareils d’automesure. Automesure et mesure ambulatoire de la PA : des informations complémentaires Stergiou (Grèce) a comparé la précision et la justesse de l’automesure tensionnelle et de la mesure ambulatoire de la PA pour affirmer le diagnostic d’hypertension artérielle (HTA). Cette étude collaborative (Italie, Espagne, Grèce) a inclus 1 441 patients (âge moyen 56 ans, 55 % d’hommes), dont 59 % recevaient un traitement antihypertenseur. Le seuil diagnostic d’HTA était de 140/90 mmHg pour la pression clinique et de 135/85 mmHg pour la pression en automesure et en mesure ambulatoire diurne. La mesure ambulatoire détectait une HTA dans 56 % des cas et l’automesure dans 61 % des cas avec un agrément entre les deux techniques de 76 %. Les deux méthodes identifiaient une HTA permanente dans 46 et 49 % des cas respectivement (agrément de 86 %), une HTA isolée de consultation dans 19 et 16 % des cas respectivement (agrément de 86 %) et une HTA masquée dans 11 % et 12 % des cas (agrément de 89 %). Comparée à la mesure ambulatoire de la PA, l’automesure pour le diagnostic d’ HTA permanente avait une sensibilité de 88 %, une spécificité de 85 %, une valeur prédictive positive de 83 % et une valeur prédictive négative de 90 % (la concordance entre les deux techniques était de 0,72). Ces chiffres étaient moins bons en ce qui concerne l’HTA isolée de consultation, respectivement de 55 %, 93 %, 66 %, 90 % (concordance 0,52) et l’HTA masquée, respectivement de 57 %, 93 %, 50 %, 95 % (concordance 0,48). Ces résultats montrent qu’il y a un agrément modéré entre la PA ambulatoire et la PA à domicile pour l’évaluation du niveau tensionnel, en particulier en dehors de la consultation pour la détection de l’HTA isolée de consultation et l’HTA masquée, probablement parce que les deux méthodes diffèrent et apportent des informations complémentaires sur le niveau de PA des patients. Épidémiologie Pourquoi les obèses ont-il un risque accru d’HTA ? Bochu (Suisse) a observé que l’obésité est associée à une augmentation de la réabsorption tubulaire proximale du sodium de jour comme de nuit dans une population adulte. En effet, l’obésité est associée à un surcroit de risque d’HTA avec un profil tensionnel particulier appelé non-dipper (sans baisse nocturne de la PA). Un des mécanismes impliqué serait une rétention sodée excessive par le rein chez ce type de patient, mais les données dans cette population sont peu nombreuses. Cent quatre-vingt-treize femmes et 187 hommes de la cohorte CoLaus, d’âge moyen 57 et 56 ans, dont 42 % ayant un surpoids et 14 % une obésité et 43 % une HTA, ont été inclus dans l’étude. La réabsorption tubulaire proximale du sodium a été estimée par l’étude de l’excrétion fractionnelle du lithium endogène, mesurée sur des collections urinaires réalisées séparément de jour et de nuit. L’obésité était associée avec l’HTA comme attendu (OR = 3,9) et une réduction de la baisse nocturne de la PAS. Après ajustement sur l’âge, le sexe, le tabagisme, le niveau de PA, l’excrétion sodée et potassique ainsi que le débit urinaire, la réabsorption tubulaire proximale était de 86 % chez des sujets normaux, de 87,8 % chez des sujets en surpoids et de 89,8 % chez des sujets obèses pour la période diurne, les chiffres respectifs étant de 87,1 %, 87,7 %, 90,4 % pour la période nocturne. Ainsi, à niveau similaire de PA, les sujets en surpoids et obèses ont une réabsorption proximale du sodium de
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